jeudi 19 octobre 2017

Un poème par coeur

A l'école secondaire, l'un de nos profs avait eu à coeur de nous faire découvrir Victor Hugo et nous faire apprendre certains de ses plus beaux poèmes. Je ne le remercierai jamais assez. Extrait des Contemplations, "Demain dès l'aube.." résonne en moi comme une récitation intérieure indispensable. Récemment, je l'ai recopié mot à mot, en relevant bien la ponctuation, avant de l'illustrer à l'aquarelle. C'est là que j'ai remarqué que je récitais dans ma tête le mot "Honfleur" à la place de "Harfleur". Et ce n'était pas une erreur du manuel de poésie, j'ai vérifié. Bon, dès lors, il était nécessaire de changer de lieu de pèlerinage... N'empêche que ma soeur, obligée elle aussi d'apprendre par coeur ledit poème, avoue avoir appris également la version "Honfleur". Nous en avons déduit que cela sonnait beaucoup mieux à nos oreilles, et qu'il faut bien savoir prendre quelques libertés quand l'esthétisme le requiert, hi, hi. Bon, nous ne saurons jamais ce que le grand Victor Hugo pense de nos petits écarts....

jeudi 18 mai 2017

Peindre une fraise... ou la manger ?

Avoir des élèves, c'est renouveler sans cesse le plaisir de transmettre des connaissances, ou de faire des expériences inédites. Aujourd'hui, lors du cours pour enfants, il s'agissait de demander aux jeunes élèves (6 à 9 ans) de dessiner puis peindre une fraise. Première question : est-ce qu'on pourra la manger ? Oui, après l'avoir peinte. Deuxième question : et si on se souvient comment elle est, est-ce qu'on peut la manger tout de suite ?... Oh, elle a une forme de coeur. Je peux peindre un coeur et je lui rajoute les feuilles ? Bon, l'élève n'a pas rajouté les feuilles car ça n'allait pas bien sur le coeur...  Finalement, tous les enfants ont attendu d'avoir terminé de peindre pour manger leur modèle. Là, une jeune élève me dit : tu as vu, je l'ai dessinée comme si quelqu'un avait mordu dedans. Je pense que la jeune élève était très pressée de dévorer cette fraise...

mardi 21 février 2017

Le grand vide

La fin de l'année 2016 n'a pas épargné de grands dessinateurs, comme Burki et Mix & Remix, mais il y a un décès dont j'ai encore plus de peine à me remettre. Ma mère aussi dessinait bien, pas dans les journaux et la presse, mais dans nos livres de souvenirs. J'étais si fière, enfant,  de montrer les magnifiques roses qu'elle avait dessinées plus vraies que nature, avec sa touche de sensibilité traduite dans des nuances de carmin. En ce début d'année 2017, elle avait encore de beaux projets, et tenait à les partager avec ses  filles et ses petits-enfants. Elle nous avait même suggéré de noter quelques dates dans nos agendas, et nous a fait promettre de ne venir que si on en avait le temps. Elle s'en est allée avant la date du premier rendez-vous, bien trop tôt à mon goût, car j'avais aussi des projets pour elle. Maintenant que le temps a atténué les écorchures, j'ai relu certains textes écrits d'une main tremblante, où déjà se profilait devant elle, en guise de date, celle d'un prochain départ. Celui dont on ne revient pas, et qui met l'entourage dans un cruel face à face avec la mort et le néant. Avec l'absence aussi, et le vide. Le vertige, je le connaissait déjà, et là, je découvre le vide.  Hier, j'ai lu cette phrase si belle : le chagrin de la mort d'une maman est le premier qu'on ne peut pas partager avec elle. Et même si je ne partageais pas toujours mes inquiétudes et mes tristesses avec elle, je sens comme un déchirement en songeant aux instants de joie que je vivrai sans pouvoir lui en parler. Ou alors je lui en parlerai quand même....