vendredi 17 janvier 2014

Drôle de question

Récemment, j'arpentais les rues de ma ville préférée en compagnie de mes chères filles à la veille de leur prochain départ. Et là, je croise un peintre de ma connaissance, bien plus âgé que moi. Il s'arrête net, me salue chaleureusement, jette un rapide regard à mes deux filles, et me lance au travers d'un large sourire : "Comment vont les affaires" ?
J'en suis restée totalement estomaquée.
Que la question vienne de ma banquière surprise par l'état parfois alarmant de mon compte en banque, d'un spécialiste en marketing ou d'un jeune artiste en devenir qui s'inquiète du côté matériel de la profession, j'aurais pu le concevoir, et j'aurais même eu grand plaisir à répondre que, étonnamment, en ce moment, les affaires sont plutôt satisfaisantes. Mais qu'un échange entre deux peintres puisse se résumer à cette question-là...... trop triste! Pourquoi ne m'a-t-il pas demandé si je peignais beaucoup en ce moment, si l'inspiration était au rendez-vous, si ma technique évoluait, si j'avais de nouveaux projets, etc ?. Non, il a juste voulu savoir comment les affaires allaient.
Bien sûr,  je n'ai pas la prétention d'occulter le côté matériel de mon activité, il y a un atelier à faire tourner et une famille à épauler du mieux que je peux, y compris financièrement. Mais ce sont là des questions purement matérielles, que j'ai suffisamment l'occasion d'aborder sans devoir m'y mettre avec d'autres artistes. Car l'essentiel est ailleurs, et même si les affaires ne marchaient pas du tout, l'important serait d'avoir toujours cette envie de créer,  tenace et envahissante,  ce feu sacré qui m'a fait traverser bien des tempêtes. Et si en plus le résultat de toutes ces émotions pouvait aboutir sur des créations qui trouvent preneur, c'est encore mieux, je ne dirai pas le contraire. Alors, je lui ai répondu un timide "oui, la peinture va bien". Et il s'en est allé de son pas alerte et un peu pressé.... de faire des affaires peut-être ?