mercredi 27 avril 2011

Visite de la Collection d'Art Brut

Cela fait longtemps que j'espérais aller la voir, cette collection. Et ce lundi, comme le fiston devait être conduit à Lausanne, j'ai établi le programme "musée". Même que c'est le même fiston qui me l'a suggéré, certain d'y échapper... Le bâtiment qui abrite cette fameuse collection dégage le charme des vieilles pierres, et la terrasse est très accueillante. On franchit le seuil et on change de monde. Les salles sont sombres, les oeuvres tantôt très colorées, tantôt d'une noirceur inquiétante. Mais elles ne sont jamais banales. Elles sont présentées en séries, histoire de bien se rendre compte d'un côté répétitif, voir obsessionnel dans les sujets. Au début de chaque série, on peut lire sur un panneau une courte biographie de l'auteur des oeuvres. La plupart du temps, on retrouve des parcours de vie très accidentés, marqués par l'abandon, la maladie ou la guerre. Parfois même, on devine la tragédie, qui a guidé la main, l'esprit, jusqu'au pinceau puis sur le papier. Et enfin, devant nous, ces peintures fascinantes. Mon regard s'est perdu dans les méandres de jardins imaginaires, dans les rythmes endiablés de compositions ambitieuses, ou encore dans le regard triste d'un enfant seul dans un jardin. Ces créateurs-là n'ont aucune prétention artistique, certains ont même découvert la peinture en même temps que le besoin d'extérioriser quelque chose. Peindre les a peut-être sauvés de la folie, ou enfermés dans un monde inaccessible. Je l'ignore. Le pas peut être franchi si vite si tout se met à basculer dans la vie, la frontière entre la raison et la folie devient si ténue. J'ai souvent imaginé que cela pourrait m'arriver, de perdre pied, de déconnecter pour mieux m'enfermer dans un monde de couleurs. Après tout, personne n'est totalement à l'abri de la  folie.Mais ce jour-là, si vous venez me rendre visite en milieu psychiatrique, par pitié ne m'apportez ni chocolat ni chaussettes. Juste de la couleur et du papier pour la laisser exploser.....

mercredi 20 avril 2011

Peintresse de la cour du château

Cet après-midi, il faisait très beau, et comme j'avais une commande de tableau à honorer, je suis allée m'installer dans la cour du château. Une commande de rêve donc, où, connaissant le sujet, je sais déjà que je vais aimer le traiter, et en plus, je peux l'interpréter comme j'en ai envie. Bon, au final, ce serait bien que cela plaise au commanditaire sinon ....l'oeuvre viendra remplir mes cartables déjà  bombés d'aquarelles entassées à demi oubliées. Donc, je me suis installée en face d'une partie de mon sujet, le soleil l'éclairait sagement sans m'éblouir, le parc était peu fréquenté et le crayon glissait sans trop d'hésitations sur le papier lisse. La gomme est restée à la maison, avec les préoccupations, les soucis, les obligations, etc. Un pur moment de détente, à songer au travail du créateur de cette touchante sculpture. Un peu comme un dialogue entre  techniques différentes. Et puis, le soleil s'est mis à taper très fort sur ma tête et là, j'ai cessé d'être "peintresse de la cour" pour regagner au plus vite la fraîcheur de mon atelier. La première esquisse est terminée, et si elle paraît ressemblante, eh bien, je sens qu' un petit séjour à l'atelier  la métamorphosera sans doute. Cela s'appellera "touche finale".

mercredi 6 avril 2011

Un livre est né, dans l'atelier "aquarelle à la carte"

Aujourd'hui, j'ai l'impression de marcher sur des oeufs. Avant Pâques, me direz-vous, rien d'étonnant, ils sont partout. La raison est tout autre. J'ai testé mon nouvel atelier en créant, sur commande, les illustrations d'un livre de proverbes, en collaboration avec un collègue peintre. Les semaines ont passé, entraînant dans leur sillage toutes ces pages aquarellées, destinées à traduire des interprétations de proverbes du monde entier. C'est mon premier travail conséquent dans cet atelier, et je me demandais si les ondes de cette très vieille maison seraient inspirantes. Et après la création des illustrations, on est entré en phase de relecture, de chipotage, d'effaçage, de remise en question, pour aboutir au livre terminé, prêt à être mis sous presse. Voilà donc le sort qui l'attendait aujourd'hui, lui sous presse....moi sous pression. Et si on avait laissé passer une faute, inversé deux images, mélangé les traductions.... aïe aïe aïe, le nombre d'imperfections possibles, imprimées et multipliées jusqu'au millier. Allons,  positivons, peut-être qu'on a bien travaillé et qu'on ne s'est pas planté dans les relectures. Bon, comme j'étais la seule à maîtriser le français en tant que langue maternelle, j'avoue que je sens le poids des responsabilités sur mes épaules. Je n'ai pas encore vu le résultat, je sais que mes mains trembleront en le feuilletant, que je craindrai chaque nouvelle image, chaque paragraphe. Et quand enfin je l'aurai parcouru, traquant ce que j'aurais peine à découvrir, je le reposerai, espérant que les heures bénies passées à le réaliser sauront charmer les futurs lecteurs.